samedi 25 avril 2020

Homélie du 3ème dimanche de Pâques A

Mes frères et sœurs, depuis Pâques les textes liturgiques jusqu’à l’ascension du Seigneur, vont conforter notre foi en la résurrection. Et les récits des apparitions (Jésus se montre à ses apôtres) nous sont proposés pour affermir notre foi en la résurrection de ce Jésus comme nous l’avons affirmé le jour de Pâques.
Le dimanche dernier, nous avons constaté que même les apôtres ont dû d’abord voir pour croire. Ils ont reconnu le Seigneur et ils ont cru. C’est cette affirmation que nous avons aujourd’hui sur la bouche de Pierre dans la première lecture (Ac 2, 14. 22b-33). En effet, Pierre, le jour de la Pentecôte, debout avec les autres Apôtres, affirme publiquement que Jésus, Dieu l'a ressuscité et lui avec les autres apôtres en sont témoins. Ils ont du faire du chemin pour en arriver là. Pour reconnaitre en Jésus le ressuscité.
A travers le texte de l’évangile (Lc 24, 13-35), nous avons trois éléments  importants pour reconnaître le Ressuscité : la confrontation de son existence à l’Ecriture sainte ; le partage du pain (l'Eucharistie) et la communauté fraternelle rassemblée. Ceci est clairement exposé dans le récit de deux disciples d’Emmaüs que nous raconte Luc. Rappelons avant tout que Luc dans ce récit, n’a pas probablement cherché à prouver la résurrection du Christ mais plutôt à démontrer comment chacun de nous peut faire l'expérience de cette résurrection dans sa vie personnelle.
Mes frères et sœurs, comme ces deux disciples, nous sommes tous chacun là  où il est confiné avec nos soucis, nos peines, peut-être de grandes souffrances, des pertes des êtres chers…. Comme pour ces deux disciples, peut-être que pour beaucoup d’entre nous, l'avenir apparaît comme fermé. Nous ne voyons pas trop quel sens donner à notre existence. Beaucoup d’entre nous aujourd’hui sont dans cette situation. Prenons donc ce récit pour le confronter à notre propre existence.
Mes frères et sœurs, le récit nous montre deux disciples sur le chemin du retour à la maison tout tristes. Soudain, un étranger se joint à eux. Et amorce un dialogue. Ils ont perdu tout espoir, tout est anéanti : « Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé ». Cet Inconnu leur explique le sens de leur situation, de leur vie à partir des Écritures. Par la suite, l'invitation des deux disciples, pleine de délicatesse, pour que l’inconnu reste : « Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme ». Puis vient le repas avec eux (Eucharistie). C’est là que tout change. En effet, « Une fois à table avec eux, Jésus prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna » et « leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent ».
Oui, si l'assemblée liturgique demeure le lieu par excellence de la compréhension des Écritures, l'Eucharistie en constitue le sceau, l'authentification. Les voilà qui se souviennent : « Ne sentions-nous pas nos cœurs brûler alors qu'il nous parlait ? ».
Mes frères et sœurs, remarquons qu’une fois reconnu le ressuscité, ces disciples courent promptement vers Jérusalem faire l’annonce. Les deux disciples, en effet, après avoir rencontré le Ressuscité, reviennent pleins de joie, de confiance et d’enthousiasme, prêts pour le témoignage. Le Ressuscité les a fait resurgir de la tombe de leur incrédulité et de leur affliction. En rencontrant le Crucifié- Ressuscité, ils ont trouvé l’explication et l’accomplissement de toute l’Écriture, de la Loi et des Prophètes; ils ont trouvé le sens de l’échec apparent de la Croix. Ce pour nous montrer qu’on ne le garde pas pour soi la bonne nouvelle, la joie pascale. En effet, ne pouvant supporter de rester seuls, ils courent immédiatement, dans la nuit retrouver la communauté des frères, l'Église, image d'un monde fraternellement réconcilié : « ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain ».
Comme nous le voyons bien dans ce récit des disciples d’Emmaüs, il n’y a qu’un seul moyen de trouver un sens à votre vie et à l'aventure de l'humanité, c’est mettre ensemble les Ecritures (la Bible),  l'Eucharistie et la Communauté fraternelle.
Nous aussi à l’instar de ces deux disciples d’Emmaüs, quand la nuit vient dans notre vie, quand notre existence ne semble plus avoir de sens, comme en ce temps de la pandémie de Covid-19,  n’oublions pas qu’il est avec nous sur le chemin de notre vie, confrontons notre existence à la bible, à l’eucharistie et à la communauté des frères et alors, la joie pascale resplendira sur nous.
Et pour cela vivons comme nous le conseille  Pierre dans la deuxième lecture (1 P 1, 17-21),  pendant notre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu. Vivre dans la crainte de Dieu, c’est aussi témoigner du ressuscité dans sa vie, ne pas garder pour soi cette bonne nouvelle mais être missionnaire pour les autres. Comme le disait le pape François en Egypte lors de sa visite en 2017 quand il avait envoyé  les catholiques en mission en disant : « Retournez à votre Jérusalem, c’est-à-dire à votre vie quotidienne, à vos familles, à votre travail et à votre chère patrie, pleins de joie, de courage et de foi. (…) N’ayez pas peur d’aimer tout le monde, amis et ennemis, car c’est dans l’amour vécu que résident la force et le trésor du croyant ! » (Homélie du pape en Egypte le 29/4/2017).
Prions donc mes frères et sœurs pour les chrétiens découragés ; pour tous ceux qui croient être déçus dans leurs espoirs en Dieu. Que le Seigneur Jésus ressuscité qui chemine avec eux ouvre leurs yeux pour qu’ils le découvrent au crépuscule pour qu’ils aient de nouveau l’espoir, la paix intérieure et la joie de vivre.
Puisse la Vierge Marie intercéder pour nous afin de rester convaincus que son fils ressuscité est avec nous sur le chemin de notre vie. Bon dimanche à chacun et chacune. Dieu nous bénisse, CIM.

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