Mes frères et sœurs, nous commençons déjà le moment post confinement que nous a imposé le Covid-19. Ici et là, les gens retrouveront les autres. Nous recevrons des enfants, des frères, des cousins, des amis chez nous comme nous l'avons toujours faits en temps des grandes vacances. Nous pensons aux voyages pour ceux qui étaient bloqués quelque part par le confinement , nous rencontrerons les voyageurs. Moment où nous sommes portés à aller vers les autres en quittant nos milieux de vie quotidiens. C'est aussi le moment de revoir nos économies et finances : difficile pour les uns, catastrophique pour les autres. Nous sommes tenté de nous couvrir derrière le confinement pour refuser les autres et leur manquer de charité et d’accueil. C’est dans ce contexte que Jésus nous invitent dans la liturgie d’aujourd’hui à aimer plus (Mt 10, 37-42), ainsi que la lecture du livre des Rois (II R 4, 8-11. 14-16a) nous montre comment pratiquer l’accueil.
A bien suivre cet extrait d’évangile, Jésus dans ses propos semble nous dicter des exigences excessives et inhumaines : « Qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi », « Qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi », « Qui veut garder sa vie la perdra ».
Mes frères et sœurs, il n'en est pas ainsi. Bien au contraire, ceci veut nous dire une chose capitale : l’amour vrai est à la fois exigent et accueillant.
L’amour vrai est exigeant
Retenons avant tout que Jésus ne veut pas nous inciter à négliger l’amour que nous devons à nos parents. Au contraire, dans un autre passage de l’évangile, il dénonce l’hypocrisie de certains pharisiens qui, sous prétexte de servir Dieu, privent leurs familles de leur héritage légitime (Marc 7, 11-13). Dans ce passage, il nous invite à aimer nos proches, non point selon les critères de la terre, mais à la manière de Dieu. Cette façon d’aimer nous la découvrons dans la deuxième lecture d’aujourd’hui tirée de la lettre aux Romains (Rm 6, 3b-4. 8-11) : « Pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ ». Par le baptême, nous mourons au mal, pour ressusciter à une vie nouvelle.
Dans le domaine des affections familiales, adopter un comportement nouveau c’est aimer dans l’ordre. Il y a des hiérarchies dans l’amour. Il n’y a pas d’amour vrai sans des choix exigeants. Nous admettons tous qu’il est anormal d’aimer plus sa voiture que sa femme, de préférer son chien à son enfant ou la télévision à un dialogue familial. Ainsi, Dieu doit être aimé par-dessus tout. Et en l’aimant ainsi, on donne à tous ses autres amours leur fondement solide.
L’amour vrai est accueillant
Ici, Jésus nous ramène au concret et à la simplicité. Il parle d’ ‘accueillir’, de ‘donner un simple verre d’eau fraîche’. La femme de Sunam dans la première lecture invitait le prophète Elisée « pour qu’il vienne manger chez elle » (2 Rois 4, 8).
Dans notre monde des capitalistes, d’indifférence et d’anonymat, ces simples gestes d’hospitalité ne sont pas si faciles. Accueillir l’autre et se laisser accueillir par lui, ouvrir sa porte et ne pas fermer son cœur : ce ne sont pas là des actions d’éclat, mais des gestes modestes qui sauvent le monde. « Il n’y a pas de petits rôles, il y a de petits comédiens », disait la grande tragédienne du début du siècle dernier, Sarah Bernhardt. On pourrait transposer en disant : « il n’y a pas de petits gestes, il n’y a que de petits esprits ». Le moindre comportement, lorsqu’il est rempli d’amour, a une valeur d’éternité.
Mes frères et sœurs, voilà la bonne nouvelle pour ce moment de grand déconfinement qui s'annonce imminent. Prions pour commencer cette nouvelle étape de notre vie en ayant un amour vrai, un amour qui se fonde sur Dieu, un amour qui ouvre son cœur, un amour qui accueille. Amen. Bon dimanche à chacun et chacune dans sa situation concrète. CIM
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