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Extrait du discours du Pape François aux prêtres de Caserte(Naples)/Italie le 26 Juillet 2014 :
« ...venons-en à la spiritualité du clergé diocésain. Prêtre
contemplatif, mais pas comme quelqu’un qui est à la Chartreuse, je n’entends
pas ce genre de contemplation. Le prêtre doit avoir une contemplation, une
capacité de contemplation aussi bien envers Dieu qu’envers les hommes. C’est un
homme qui regarde, qui remplit ses yeux et son cœur de cette contemplation:
avec l’Evangile face à Dieu, et avec les problèmes humains face aux hommes.
C’est dans ce sens qu’il doit être un contemplatif. Il ne faut pas mélanger: le
moine est une autre chose. Mais où est le centre de la spiritualité du prêtre
diocésain? Je dirais qu’il est dans l’esprit diocésain. C’est avoir la capacité
de s’ouvrir à l’esprit diocésain. La spiritualité d’un religieux, par exemple,
est la capacité de s’ouvrir à Dieu et aux autres dans la communauté: que ce
soit la plus petite ou la plus grande de la congrégation. En revanche, la
spiritualité du prêtre diocésain et de s’ouvrir à l’esprit diocésain. Et vous
les religieux qui travaillez en paroisse vous devez faire les deux choses,
c’est pourquoi le dicastère pour les évêques et le dicastère pour la vie
consacrée sont en train de travailler à une nouvelle version de Mutuae
relationes, car le religieux a deux appartenances. Mais revenons à l’esprit
diocésain: qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie avoir un rapport avec
l’évêque et un rapport avec les autres prêtres. Le rapport avec l’évêque est
important, il est nécessaire. Un prêtre diocésain ne peut pas être détaché de
l’évêque. «Mais l’évêque ne m’aime pas, l’évêque par ci, l’évêque par là...»:
l’évêque sera peut-être un homme ayant un mauvais caractère: mais c’est ton
évêque. Et tu dois trouver, même dans cette attitude qui n’est pas positive,
une voie pour garder une relation avec lui. Cela est cependant une exception.
Je suis un prêtre diocésain parce que j’ai un rapport avec l’évêque, un rapport
nécessaire. Il est profondément significatif que pendant le rite de
l’ordination on fasse vœu d’obéissance à l’évêque. «Je te promets obéissance,
ainsi qu’à tes successeurs». Avoir l’esprit diocésain signifie une relation
avec l’évêque que l’on doit pratiquer et faire croître sans cesse. Dans la
plupart des cas ce n’est pas un problème catastrophique, mais une réalité
normale. En deuxième lieu, l’esprit diocésain comporte une relation avec les
autres prêtres, avec tout le presbyterium. Il n’y a pas de spiritualité du
prêtre diocésain sans ces deux relations: avec l’évêque et avec le
presbyterium. Et elles sont nécessaires. «Moi, oui, je m’entends bien avec
l’évêque, mais je ne vais pas aux réunions du clergé parce que l’on y dit des
bêtises». Mais avec cette attitude quelque chose vient à manquer: tu n’as pas
cette véritable spiritualité du prêtre diocésain. Tout est là: c’est simple,
mais dans le même temps cela n’est pas facile. Cela n’est pas facile, car se
mettre d’accord avec l’évêque n’est pas toujours facile, car l’un pense d’une
certaine manière et l’autre d’un manière différente, mais on peut discuter...
et que l’on discute! Et on peut le faire en haussant le ton? Qu’on le fasse!
Combien de fois un fils discute avec son père et, à la fin, ils restent
toujours père et fils. Toutefois, quand dans ces deux relations, aussi bien
avec l’évêque qu’avec le presbyterium, s’insère la diplomatie, l’Esprit du
Seigneur n’est pas là, car l’esprit de liberté manque. Il faut avoir le courage
de dire: «Je ne pense pas ainsi, je pense différemment», et aussi l’humilité
d’accepter une correction. C’est très important. Et quel est le plus grand
ennemi de ces deux relations? Les commérages. Très souvent je pense — parce que
moi aussi j’ai cette tentation de commérer, nous l’avons en nous, le diable
sait que cette semence donne des fruits et il sème bien — je pense qu’il s’agit
peut-être d’une conséquence d’une vie de célibataire vécue dans la stérilité,
non dans la fécondité. Un homme seul finit dans l’amertume, il n’est pas fécond
et bavarde sur les autres. C’est une attitude qui ne fait pas du bien, c’est
précisément ce qui empêche ce rapport évangélique, spirituel et fécond avec
l’évêque et avec le presbyterium. Les commérages sont le plus grand ennemi de
l’esprit diocésain, c’est-à-dire de la spiritualité. Mais tu es un homme, et si
tu as quelque chose contre ton évêque, vas-y et dis-le lui. Mais ensuite il y aura
des conséquences qui ne seront pas bonnes. Tu porteras ta croix, mais sois un
homme! Si tu es un homme mûr et que tu vois quelque chose chez ton frère prêtre
qui ne te plaît pas ou que tu penses être erronée, vas le lui dire en face, ou
bien si tu vois qu’il ne tolère pas d’être corrigé, vas le dire à l’évêque ou à
l’ami le plus intime de ce prêtre, afin qu’il puisse l’aider à se corriger.
Mais ne le dit pas aux autres: car cela signifie se salir l’un l’autre. Et le
diable est heureux avec ce «banquet», car ainsi il attaque précisément le
centre de la spiritualité du clergé diocésain. Pour moi, les commérages font de
grands dégâts. Et ils ne sont pas une nouveauté post-conciliaire... Saint Paul
dut déjà les affronter, rappelez-vous de la phrase. «Je suis à Paul, moi à
Apollo...». Les commérages sont une réalité déjà présente aux débuts de
l’Eglise, car le démon ne veut pas que l’Eglise soit une mère féconde, unie,
joyeuse. Quel est en revanche le signe que ces deux rapports, entre prêtre et
évêque et entre prêtre et les autres prêtres, se portent bien? C’est la joie.
De même que l’amertume est le signe qu’il n’y a pas une véritable spiritualité
diocésaine, car il manque une belle relation avec l’évêque ou avec le
presbyterium, la joie est le signe que les choses fonctionnent. On peut
discuter, on peut se mettre en colère, mais il y a la joie au-dessus de tout,
et il est important qu’elle existe toujours dans ces deux rapports qui sont
essentiels pour la spiritualité du prêtre diocésain.
Je voudrais revenir sur un autre signe, le signe de l’amertume. Une fois, à
Rome, un prêtre m’a dit: «Je vois que très souvent nous sommes une Eglise de
personnes en colère, toujours en colère l’une contre l’autre; nous avons
toujours une raison pour nous mettre en colère». Cela apporte la tristesse et
l’amertume: il n’y a pas de joie. Quand nous trouvons, dans un diocèse, un
prêtre qui vit ainsi en colère et avec cette tension, nous pensons: mais cet
homme boit du vinaigre le matin au petit déjeuner. Ensuite, au déjeuner, des légumes
conservés dans du vinaigre et ensuite, le soir, un beau citron pressé. Ainsi,
sa vie ne va pas, car elle est l’image d’une Eglise de personnes en colère. En
revanche la joie est le signe qu’elle va bien. On peut se mettre en colère:
c’est même sain de se mettre en colère de temps en temps. Mais l’état de la
colère n’appartient pas au Seigneur et conduit à la tristesse et à la division.
Et à la fin, vous avez parlé de «la fidélité à Dieu et à l’homme». C’est la
même chose que ce que nous avons dit plus avant. C’est la double fidélité et la
double transcendance: être fidèles à Dieu signifie le chercher, s’ouvrir à Lui
dans la prière, en se rappelant qu’Il est fidèle, qu’Il ne peut pas se renier
lui-même, qu’Il est toujours fidèle. Et ensuite s’ouvrir à l’homme; c’est cette
empathie, ce respect, cette manière de l’écouter, et ensuite dire le mot juste
avec patience.
Nous devons nous arrêter par amour des fidèles qui attendent... Mais je
vous remercie, vraiment, et je vous demande de prier pour moi, parce que moi
aussi j’éprouve les difficultés de chaque évêque et je dois aussi reprendre
chaque jour le chemin de la conversion. La prière l’un pour l’autre nous fera
du bien pour aller de l’avant. Merci de votre patience. »
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