mercredi 31 décembre 2014

Kitenda et son devenir : le point de vue d'un historien


Kitenda et son devenir : le point de vue d’un historien
Le septième jour du moi de juillet dernier, à l’occasion du soixante quinzième anniversaire de la paroisse de Kitenda fêtée deux ans plus tard, monsieur Venant Tekila Zay a fait un exposé sur le devenir de Kitenda. Nous vous présentons l’intégralité dudit exposé sur cette page. A vous à en tirer les leçons qui s’imposent. CIM


KITENDA ET SON DEVENIR : LES LECONS DE L’HISTOIRE

                                                       
Chers Amis,

En ce début de 3ème millénaire dominé par les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication(NTIC), nous vivons dans un monde globalisé. Tout se sait, tout se communique, à une vitesse vertigineuse, à quelque coin du globe où l’on se trouve.

Ainsi, nous vivons dans un village planétaire, en continuelle interaction. Dès lors, il est inconvenable, voire impossible de vivre cloisonné, enfermé, sans contact avec le monde extérieur.
A cet égard, permettez-nous d’ouvrir une parenthèse pour saluer ici l’heureuse initiative des Sœurs de Notre-Dame de Namur qui ont permis de « désenclaver » Kitenda en le connectant à l’internet, et partant, au reste du monde. Il s’agit là d’un progrès notable que l’on ne saurait décemment ignorer et qui mérite une chandelle. Notre vœu le plus pressant est de voir, dans un proche avenir, tout Kitenda naviguer sur le net.  Cela passe par le transfert des compétences au bénéfice du plus grand nombre et ce, de manière durable. Telle est, du reste, l’essence même du développement. Nous y reviendrons.

Nous disions que des groupes, des collectivités d’hommes et de femmes ne peuvent plus vivre de manière étanche, en s’ignorant mutuellement, car ce monde globalisé comporte des défis immenses. Des intérêts sociaux, économiques et culturels s’affrontent. Dans ce contexte de concurrence implacable, seuls survivront, les forts

Aussi, voit-on des sociétés multinationales fusionner pour faire face à la concurrence, et des groupements régionaux se créer pour mieux défendre leurs intérêts ?
L’heure est donc à la conjonction des efforts, à la mise en commun des ressources, à l’association des intelligences pour garantir le succès.

Comme vous le voyez, Kitenda ne peut marcher avec assurance vers des lendemains qui chantent en pleurnichant ou en recherchant l’aumône, les bras ballants « moko ma kuyala » !
Il nous faut réfléchir, lever des options et agir pour notre épanouissement d’abord, pour l’ensemble du diocèse et de la nation ensuite.

Faute de le faire, nous nous trouverons écrasés et marginalisés car dans ce nouveau monde qui est le nôtre, il n’y a pas de place pour les faibles, les attentistes, les improductifs. La sagesse yaka répond en échos :
                   « N’sangi malafu kala yi vunzu »
                   «  A ngwa thata, ngemene ditata »
                   «  Luzitu lo mbungu, n’dimba »
L’histoire est, avec la langue, la composante essentielle de la conscience des peuples. De ce fait, recouvrer sa mémoire, sa conscience historique, est une nécessité vitale.
« L’arbre monte en s’enfonçant dans la terre nourricière », écrit BIRAGO DIOP.
         « Sola khuku, ngwa vwa n’sasa. Buta mwana ngwa vwa n’tekolo ».

L’histoire, on le sait, est un récit explicatif des faits humains passés, jugés authentiques et avérés. Et le passé n’éveille notre intérêt que dans le mesure où l’homme y joue un rôle déterminant dans la vie d’un groupe, d’une collectivité, d’un peuple, voire de la société entière.
Nous étudions l’histoire, non pour nous replier sur nous-mêmes ou pour nous délecter du passé, mais dans le but de tirer des leçons permettant de gérer le présent et de construire le futur de manière rationnelle et dynamique. L’histoire développe le sens critique et la réflexion.

Voilà pourquoi, dans le cadre de la célébration du jubilé de diamant de notre paroisse, il nous a paru opportun de présenter cet exposé sur l’historique de Kitenda depuis sa fondation en 1938 jusqu’aux années 1960.

Précisons tout de suite que nous ne ferons pas d’exposé magistral, mais nous vous présentons, à grands traits, les étapes et les moments les plus marquants de cette histoire, suivant le canevas que voici :
                   1. Genèse et fondation
                   2. Consolidation et croissance 
                            2.1. Construction
                            2.2. évangélisation
                            2.3. enseignement
                            2.4. santé
                   Cfr ouvrage de l’Auteur : « Kitenda : Poste de mission catholique et foyer culturel au Sud-Kwango(1938-1960) »

QUE  CONCLURE ?

Outre l’annonce du message du salut qui était sa motivation principale, force est de reconnaître que l’action missionnaire catholique dans la contrée de Kitenda fut à l’origine des progrès matériels évidents et de certaines transformations sociales substantiellement les mêmes que celles observées ailleurs dans d’autres paroisses.
Nous pourrions épingler notamment les innovations suivantes.  Voir pp 67-68 : n° 1 à 9

Néanmoins, l’on pourrait se demander si, ces éléments nouveaux, replacés et analysés dans le contexte de leur émergence, à savoir la colonisation et la politique paternaliste belges, étaient réellement porteurs de développement pour les bénéficiaires.

Nous estimons pour notre part que le développement ne saurait être une manne du ciel ni le fruit de la charité, mais il découle d’une action consciente de l’individu ou d’une volonté organisée de la communauté. Autrement dit, le développement prend racine dans la conscience de l’individu ou du groupe, intègre toutes les dimensions de la personne humaine et s’exprime par un plus grand sens de responsabilité, la liberté et la capacité d’opérer des choix et la prise en mains de sa destinée.

Voilà pourquoi nous concluons que malgré le progrès irréfutables qui accompagnaient l’évangélisation, l’objectif principal du salut de l’homme en général et de la population de Kitenda en particulier, ne fut qu’imparfaitement réalisé, à cause notamment de l’insuffisance de dialogue entre les protagonistes d’une part et de la forte empreinte du paternalisme d’autre part.

Aussi, tirant les leçons du passé, voudrions-nous plaider pour une dynamique novatrice à 4 piliers suivants :
         1° Vivre l’évangile.
                  Ne devez rien à personne si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi » (Romains 13, 8)
               En effet, l’amour est la base de la vie du Christ, le ciment de la société. Là où règne l’amour, il n’y a pas de place pour l’envie, la haine, la malveillance, l’égoïsme, le sectarisme, le mépris, la condescendance, l’instinct de puissance « libido dominandi », etc.
             2° Dialoguer en permanence
               « Nzioko kazitilako n’komb’andi ! »
               L’antipathie et l’intolérance réciproques doivent faire place à la cohabitation pacifique et à la tolérance mutuelle et ce, dans l’esprit du Concile Vatican II(1964) qui prône le dialogue interreligieux et en dessine les contours.

               En effet, le dialogue implique la reconnaissance de l’autre, le respect de ses convictions et le droit à la différence.
               Il est urgent que nos agents pastoraux, à quelque confession qu’ils appartiennent, s’inscrivent dans cette dynamique, qu’ils coopèrent résolument et franchement pour travailler au salut intégral de l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.
               « N’avons-nous pas tous un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? » (Mal 2, 10)

            3° Conscientiser afin de s’assurer de l’adhésion la plus large possible de la population
               « Nkooko kalumbila… matadi ! / Nzadi kendila khonda… buhika ! »

            4° Faire participer et responsabiliser afin de combattre l’infantilisme et la passivité et de garantir la pérénité des projets mis en œuvre.
               « Mutu basia mu n’kuka nzamba, bamona ye inonga, bamona ye imaku. »
               Certes, ces pistes ne sont pas limitatives et pourraient être affinées. Mais elles peuvent constituer le socle d’une nouvelle approche annonciatrice d’un avenir radieux pour la population de Kitenda qui nous est chère, autant que pour tous les serviteurs de Dieu qui y sont attachés.
                                               Kuluwi koloko mbe… mbena !
                                               Je vous remercie.

                                                                  Kitenda, le 7/07/2014


                                                Venant  TEKILA  KAPAMBA-ZAY

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