Les chrétiens vénèrent avec compassion la croix du christ
Dans la semaine sainte chez
les catholiques du rite romain, le vendredi saint est ce jour où chacun se
souvient de la passion du Christ et vénère sa croix. Le seul jour de l’année où
l’on ne célèbre pas la messe. La cérémonie se déroule en trois étapes : l’écoute
de la parole de Dieu centrée sur la passion du Christ, la vénération de la
croix et la communion au corps du Christ. Les chrétiens de la paroisse saint
Léopold de Ngaliema à Kinshasa ont célébré la passion du Christ, le vendredi 3
avril dans leur Eglise paroissiale. Au cours de cette cérémonie liturgique, ils
ont vénéré sa croix comme acte de foi en Dieu qui a tant aimé le monde qu’il a
donné son Fils unique pour le salut de l’humanité »(Jn 3, 16) et ainsi,
exprimer leur reconnaissance à cette croix, symbole et source de leur
rédemption.
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Façade de l'église St Léopold |
Un haut mur en arc monté par une élévation cachant la toiture et se
terminant par une croix. C’est la façade de l’église Saint Léopold. Bâtie
entièrement en brique cuite, d’une belle architecture ancienne, construite
depuis 1943. Cette église est le centre de la paroisse desservant une grande
partie des catholiques habitant le quartier Joli parc dans la commune de
Ngaliema. C’est dans cette église que les chrétiens ont commémoré, vendredi 3
avril, la passion de leur Seigneur Jésus Christ qui a été suivi de la
vénération de la croix.
Habillé en rouge, avec douze prêtres et un diacre, neuf acolytes
essentiellement des grands séminaristes en théologie de Jean XXIII, l’abbé
Sylvain Mubikay, directeur spirituel du Grand Séminaire et vicaire de la
paroisse, commence la procession du Vendredi Saint. Il est dix huit heures
quarante minutes. Tous les fidèles se mettent débout pour accueillir ces
ministres de Dieu tous vêtus de rouge. Ils avancent calmement vers l’autel, les
treize prêtres se couchent à plat ventre pendant deux minutes. Pendant ce
temps, les acolytes et toute l’assemblée se met genou et l’église est plongée
dans un grand silence. Total silence qui ne laisse entendre que les
ventilateurs placés aux murs latéraux de l’église pour rafraichir les fidèles.
Quand ils se relèvent, l’assemblée se met debout. Le célébrant principal,
l’abbé Sylvain, monte à l’autel suivi de tous les ministres. Les bras étendus,
l’abbé dit la prière d’ouverture qui se conclue par la réponse des fidèles
« amen ». Et tout le monde s’assied pour écouter les lectures.
Deux acolytes, des filles, avancent vers le célébrant principal. Elles s’agenouillent
pour demander la bénédiction en vue de lire les deux lectures du jour (Is 52,
13 - 53, 12 et He 4, 14-16 ;5, 7-9). L’une après l’autre, elles lisent les
textes sacrés. Aussitôt les deux lectures terminées, encore un silence profond
dans l’église. Le célébrant avec trois hommes et une fille se placent devant l’autel
face à l’assemblée. Ce sont les intervenants de la lecture chantée de l’évangile
(Jn 18, 1-19, 42). Le prêtre joue le rôle de Jésus, les quatre autres sont
respectivement, disciples, foule, autre et narrateur. Le prêtre invite les
chrétiens à suivre la proclamation de l’évangile : « Bandeko, na
limemia nionso, tolanda malozi ma mokonzi wa biso Yezu Kristu »(frères et sœurs,
avec respect, suivons la lecture de la passion de notre Seigneur Jésus Christ).
L’assemblée s’assied et commence la lecture chantée de la passion. L’assemblée
suit en silence. Grande compassion qui se lie sur les visages des chrétiens.
Soudain, tous ensemble comme un seul homme, s’agenouillent : le narrateur
vient d’annoncer la mort de Jésus. Méditation en silence. Quand tout le monde
se relève, le prêtre prend la parole pour exhorter les chrétiens à faire de la
croix du Christ, le centre de leur vie et la source de leur salut.
C’est l’homélie
du prêtre. Il lève l’équivoque : « Contrairement à ce que ceux qui
vous combattent vous disent pour vous détourner de votre vraie foi, nous n’adorons
pas la croix mais nous la vénérons » a martelé le prédicateur. Il a donné
quelques références bibliques sur l’interdit de l’adoration des images et
fabrications humaines (Dt 4, 16-19 ;Ex 20, 3-6 ; Ex 32, 1-10 ) et
aussi le permis sur image et fabrications humaines(Nb 21, 8-9 ; Jn 3, 14).
A. Sylvain pendant l'homélie |
L’homélie finie, tous se lèvent pour entamer la deuxième partie de cette
célébration : la vénération de la croix. Le prêtre, le diacre et deux
acolytes quittent l’autel et sortent par la sacristie. Ils réapparaissent au
fond de l’église pour commencer la procession avec la croix à vénérer.
Le
diacre devant, précédé de deux acolytes avec leur cierge allumés, tient une
croix surélevée. Derrière lui suit le prêtre en silence. Le diacre montre
progressivement la croix à la foule à trois reprises. A chaque fois, le prêtre chante :
« Yeyee, talani kuruse, botala kuruse, Yezu Nzambe awei »(une
adaptation de ‘Voyez la croix de notre salut, venez tous l’adorer). Le diacre
dépose la croix aux pieds de l’autel. Deux acolytes la tiennent. Les prêtres,
les ministres puis l’assemblée viennent vénérer la croix. L’un après l’autre,
les fidèles s’avancent, s’agenouillent et baisent la croix avec piété. Pendant
trente deux minutes, la chorale aide la dévotion au rythme des chants de la passion.
Présentation de la croix |
Après vient la dernière étape : c’est le moment de la communion où
tous, partagent le corps du Christ retiré du reposoir. Pas de messe aujourd’hui
dans le monde entier. De nouveau silence dans l’église. Tête baissée, chacun
médite en silence. Le prêtre brise le silence par la prière de clôture. Sans
bénédiction ni renvoi de foule, la cérémonie s’achève par la procession de
sortie des ministres en silence. La chorale ne chante pas.
Il est vingt et une heure treize minutes. Les fidèles sortent aussi en
silence. Ils continuent la méditation chez eux en famille comme l’a recommandé
le curé de la paroisse, l’abbé Georges Njila, deux heures au paravent, à la fin
du chemin de la croix qui a préparé cette célébration. CIM
Impeccable
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